Note d’information sur les marchés : Note ODDO par Mr Bruno CAVALIER – Chef économiste

12/09/2022
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Madame, Monsieur,

 

Comme vous le savez, les marchés financiers sont en retrait sensible depuis le début de l’année et principalement à cause de la hausse des taux des banques centrales, aussi bien aux USA qu’en Europe ou en Angleterre notamment.

Ces hausses de taux importantes et rapides ont pour but de contrecarrer l’inflation « quoi qu’il en coûte » ; c’est-à-dire même si cette hausse des taux doit provoquer une récession économique et, corrélativement, la baisse des marchés financiers.

 

La crainte de voir l’inflation s’installer et ne plus être maitrisable surpasse toutes les craintes sur les conséquences économiques possibles de ces hausses de taux à répétition.

En effet, si l’inflation devait rester élevée durablement, les conséquences économiques seraient bien plus graves qu’une récession qui pourrait n’être que modérée dans les prochains mois.

Normalement, on pourrait penser qu’une stabilisation de l’inflation pourrait n’entraîner qu’une stabilisation des résultats des sociétés ; en effet, si leurs prix de vente devaient stagner, il en serait de même pour leurs achats de biens et services et donc pour leurs résultats.

 

Mais pour freiner cette inflation, dont l’origine est pourtant un problème d’offre insuffisante et de hausses des matières premières (consécutives, pour l’essentiel, à la guerre Russie-Ukraine), les banques centrales n’ont d’autres moyens que de freiner la demande ; et donc d’obliger les entreprises à stabiliser leurs ventes voire à les diminuer.

C’est la raison pour laquelle elles ne peuvent agir que sur la hausse de leurs taux qui va entraîner une réduction du recours au crédit aussi bien pour les particuliers que pour les entreprises ; et donc un ralentissement de la consommation et de l’investissement.

 

La question étant de savoir si ces remontées de taux seront efficaces ; s’il est possible que la FED parvienne à ses fins car l’inflation aux USA est surtout due à une demande excessive, il n’en est pas de même pour la BCE qui doit faire face à une raréfaction de l’offre et à une hausse des matières premières…

 

Par ailleurs, le prix Nobel d’économie, Joseph STIGLITZ, considère que les remontées de taux de la FED sont excessives et que l’inflation devrait pouvoir baisser naturellement sans hausses de taux supplémentaires.

Quoi qu’il en soit, les marchés actions ont fortement corrigé depuis le début de l’année et l’indice S&P 500 baisse de plus de 21% depuis le 1er janvier tandis que le STOXX Europe 600 baisse de plus de 18%. La baisse est du même ordre pour les petites et moyennes valeurs.

 

En revanche il y a de fortes disparités entre valeurs « value » et valeurs de croissance ; les premières résistant bien depuis le début d’année comme les valeurs liées à l’énergie, par exemple.

En revanche, les valeurs de croissance sont en forte baisse, de l’ordre de 30% ; en effet, l’impact de la hausse des taux est beaucoup plus important pour ces sociétés car le poids des bénéfices futurs escomptés est sensiblement pénalisé par leur actualisation à des taux nettement plus élevés.

En pièces jointes, vous trouverez une note récente émanant de Mr Bruno Cavalier (chef économiste de la banque ODDO-BHF) qui fait un point sur la situation économique actuelle et qui considère qu’une récession est désormais inéluctable.

 

Par ailleurs, dans un podcast, Mr Laurent DENIZE (co-directeur des investissements de la banque ODDO-BHF), explique qu’il est désormais probablement trop tard pour vendre les actions européennes et qu’il sera peut-être possible de commencer à en acheter, dans une perspective de long-terme, à la faveur de baisses de marchés qui pourraient se produire compte-tenu de leur volatilité actuelle.

 

Sur la partie obligataire, en revanche, il considère que les niveaux de taux atteints par les obligations « High Yield », de l’ordre de 7%, les rend d’ores et déjà attractives ; il considère que, même si les taux devaient continuer à progresser, le rendement serait suffisant pour compenser une éventuelle perte en capital.

C’est un peu le même raisonnement pour Olivier de Béranger, directeur de la gestion à la Financière de l’Echiquier, qui considère aussi que l’on a un niveau de taux très intéressant désormais, même s’il est possible que ceux-ci continuent à monter encore un peu.

 

Les marchés vont probablement rester focalisés sur l’évolution de l’inflation et le moment où celle-ci commencera à décroître ; ce sera alors le signe que les banques centrales peuvent adoucir leurs politiques très restrictives et que l’on pourra alors envisager un retour de la croissance de l’économie.

Je reste bien entendu à votre disposition pour tout renseignement complémentaire dont vous pourriez avoir besoin.

Je vous remercie de votre attention.

 

Cordialement.

 

Philippe HAGUET