Au mois de juillet 2015, les marchés étaient focalisés sur la situation grecque et le risque de défaut de paiement avec comme corollaire une probable sortie de l’EURO. Finalement, un accord a été trouvé : l’EUROPE s’engage à refinancer les dettes venant à échéance et la Grèce s’engage à effectuer les réformes structurelles. Depuis, de nouvelles élections ont redonné le pouvoir à Monsieur TSIPRAS mais les députés les plus radicaux n’ont pas été réélus. On peut penser que le réalisme va désormais l’emporter et que la situation va s’améliorer progressivement, même si de nouveaux reports d’échéances seront certainement à envisager à l’avenir.
Mais la véritable secousse des marchés est venus de la décision, le 11 août dernier, des autorités chinoises de dévaluer le yuan de l’ordre de 3%. Cela est apparu comme un signe de ralentissement de l’économie ou plutôt une confirmation de ce que les différents indicateurs laissaient apparaître depuis plusieurs mois (baisse des PMI manufacturiers notamment). Le ralentissement de la croissance chinoise doit néanmoins être relativisé ; les autorités tablent tout de même sur + 7% pour 2015 ; en effet, si le secteur de la construction s’est effondré, les dépenses de consommation sont en hausse de 10% (et même 38% pour l’e-commerce). Et le secteur des services est toujours en progression.
Il faut rappeler que le secteur de la construction s’est développé dans des proportions inimaginables à notre échelle ces dernières années ; un gérant de la société MONETA ASSET MANAGEMENT me signalait la semaine dernière que la CHINE a consommé autant de ciment en 3 ans que les USA durant tout le 20ème siècle…
Ce rythme effréné, permis par un recours massif à l’endettement ne pouvait pas durer indéfiniment ; le coup est néanmoins très dur pour tous les pays exportateurs (pays émergents : Brésil, Russie… et pays producteurs de pétrole).
Pourtant ce n’était pas le ralentissement de la CHINE qui était craint par les marchés mais la hausse des taux américains ; cette hausse n’est pas intervenue lors de la réunion de la FED du 17 septembre dernier alors que la croissance américaine progressait à un rythme annuel de 3,7% au 2ème trimestre 2015. Dans le passé, ce chiffre aurait suffi à entraîner une hausse ; mais désormais la FED prend également en compte la situation économique mondiale et non plus seulement la situation américaine.
Une semaine plus tard Madame JELLEN a indiqué que, compte-tenu de la vigueur de la croissance américaine, une hausse des taux à court-terme pouvait quand-même s’envisager ; mais le chiffre de l’emploi américain paru en fin de semaine dernière (142.000 créations contre 200.000 attendus par les marchés) laisse penser à nouveau que cette hausse sera quand-même reportée.
Après avoir été longtemps crainte, cette hausse est désormais attendue : ce serait le signe que la FED considère que les perspectives de croissance aux USA et dans le monde sont de nouveau bonnes. Bien-sûr une telle hausse devrait normalement faire baisser les marchés ; mais ceux-ci ont tellement baissé de juillet à fin septembre que l’on peut se demander si cet évènement n’est pas déjà « dans les cours ».
Il reste que, de façon générale, les gérants actions restent positifs sur les valeurs européennes qui ont anormalement baissé alors que 60% des résultats des entreprises ont été revus à la hausse et que la hausse des résultats anticipée par les analystes pour 2015 est supérieure à 10%.
Il semble que les marchés aient oublié que les ingrédients qui avaient été à l’origine de la hausse du 1er quadrimestre sont toujours d’actualité (euro en forte baisse par rapport au dollar ; pétrole divisé par deux et taux de la BCE au plus bas).
Seule la société CARMIGNAC reste inquiète à cause des ajustements des flux monétaires dès lors que la FED aura monté ses taux ; beaucoup de capitaux investis en CHINE et dans les pays émergents risquent de revenir brutalement aux USA (mais cela a déjà commencé) avec pour conséquence une baisse de ces monnaies et donc des pressions déflationnistes qui pourraient s’exporter vers les pays les plus avancés.
Elle considère également que les politiques de QE (Quantitative Easying) ne pourront se poursuivre à l’infini par la BCE ou la banque de CHINE ; la situation économique se compliquerait alors avec une croissance mondiale qui demeurerait faible. Il faudrait alors trouver les entreprises capables de croître significativement dans un contexte de croissance moins porteur.
Il reste tout de même que l’on peut s’interroger sur la valorisation de certaines entreprises ou de certains secteurs comme la finance ; à titre d’exemple, on peut noter que la capitalisation boursière de la BNP ne représentait, en début de semaine, que 69% de ses fonds propres ; que le rendement du dividende attendu pour l’exercice 2016 était de 5,32% et que son PER (Cours/Bénéfice) n’était que de 8,41. Ce qui laisse tout de même une marge d’appréciation non négligeable.
Nb : pour mieux comprendre le rôle de la FED et l’attitude actuelle de sa présidente, Madame YELLEN, je vous invite à écouter l’émission des experts de ce matin (2ème partie) dans laquelle Jean-Pierre PETIT rappelle que la FED veut éviter deux situations connues dans le passé : 1937, année où la remontée des taux est intervenue trop vite et a stoppé la reprise économique ; et 1966 où la remontée est intervenue trop tard et où la FED a mis 16 ans à venir à bout de l’inflation. Quant au risque de déflation, qui pourrait se produire en cas de « hard-landing » (atterrissage brutale de la croissance) mondial, il considère que les banques centrales disposent d’autres moyens pour y faire face : y compris la distribution physique de « billets de banque » avec durée de vie limitée pour inciter les habitants à consommer.
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