Risques sur les Fonds Euros : Que faut-il faire ?

12/10/2023
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Après les répercussions importantes de la hausse des taux sur les actions et les obligations (en 2022), puis sur l’immobilier non coté (en 2023), il y a lieu de s’interroger sur les « fonds euros » détenus au sein des contrats d’assurance vie.

 

C’est la raison pour la quelle je me permets de vous adresser ce mail.

 

Les fonds euros ont été des placements parfaits durant de nombreuses années ; c’est-à-dire depuis l’amorce de la baisse des taux de 1985 à 2022, pour être très large.

Ces fonds avaient l’avantage d’être, à la fois, liquides, rentables et garantis en capital par les compagnies d’assurance.

Progressivement, les taux de rendement de ces fonds euros ont baissé et sont, désormais, relativement bas, même si ceux-ci peuvent être encore corrects avec les « primes » mises en place par les compagnies pour tenter de contrer la concurrence des livrets bancaires et des placements monétaires.

Ils sont toujours garantis par les compagnies d’assurance et devraient toujours l’être, même si on peut se demander ce qu’il se passerait si les taux longs devaient entraîner une forte baisse des valorisations des obligations à long terme qu’elles détiennent en portefeuille.

Ils sont toujours liquides mais c’est là que pourrait se poser le problème de la loi SAPIN 2 qui pourrait, provisoirement, empêcher les retraits des fonds euros, afin de ne pas conduire à une hausse des taux trop forte pour les états et, notamment, pour l’état français.

Le blocage des retraits pourrait être décidé pour une durée de 3 à 6 mois ; mais on peut, également, s’interroger sur ce qu’il se passerait si, au bout de 6 mois, les taux étaient toujours aussi élevés et que les épargnants décidaient d’arbitrer leurs fonds euros vers des fonds obligataires et monétaires.

Il faut savoir, comme on pouvait le lire dans Le Figaro Economie de ce lundi 9 octobre, que la décollecte des fonds euros a été de 20,5 milliards de janvier à août 2023, contre 20 milliards en 2022 ; face à cela, les assureurs encaisseraient au moins 40 milliards d’euros par an via les seuls coupons obligataires ; ils peuvent donc assumer ces retraits importants.

Ce risque de liquidité est, bien-sûr, théorique pour le moment mais il y a plusieurs signes qui pourraient inciter à la prudence :

  • Les fonds monétaires rapportent, désormais, de l’ordre de 4% par an, soit assez sensiblement plus que ce que l’on peut attendre des fonds euros dans leur ensemble ;
  • Les taux à 10 ans, français comme allemands, ont progressé pour atteindre 3,55% en France et 2,98% en Allemagne (même si ces taux rebaissent depuis lundi matin à la suite des évènements -terribles- en Israël) ;
  • La France va émettre un montant record de nouvelles obligations en 2024, soit 285 milliards d’euros (après 270 milliards en 2023), pour refinancer l’ancienne dette et pour financer les nouveaux déficits prévus à 4,4% du PIB l’an prochain.

On peut donc craindre que le gouvernement français s’inquiète de cette remontée des taux qui va rendre difficilement soutenable la dette à l’horizon de quelques années, au fur et à mesure que de nouveaux emprunts, à taux élevés, vont remplacer les anciens à taux beaucoup plus faibles, voire négatifs.

Dans ces conditions, il serait peut-être plus prudent de sortir de ces fonds euros aujourd’hui ; mais sans, pour autant, que l’on puisse affirmer qu’il s’agisse de la meilleure solution.

Chaque épargnant doit prendre sa décision, en toute connaissance de cause ; et, notamment, en fonction de ses potentiels besoins de liquidités à court/moyen-terme.

 

On peut rappeler, à titre d’exemples, que les fonds euros « classiques » de GENERALI et d’AXA ont, respectivement, atteint 2,9% et 2,8% lorsqu’une proportion importante d’unités de compte figurait dans les contrats.

Le fonds EURO-INNOVALIA a rapporté 2,1%, net de frais de gestion, et il pourrait faire de même, voire mieux, en 2023 ; mais cela est difficile à savoir.

Le fonds SECURITE PIERRE EURO a, quant à lui, rapporté 2,3% en 2022.

Sortir des fonds euros présente donc l’inconvénient de se priver, potentiellement, d’un taux correct pour 2023 et d’une garantie en capital.

 

Pour les personnes qui souhaiteraient sortir de ces fonds euros, il est possible de les remplacer par :

  • Des fonds monétaires qui rapportent actuellement de l’ordre de 3,9 à 4%, soit environ 3% net de frais de gestion des contrats ;
    • Ces fonds présentent un risque SRI de 1 (sur une échelle de 1 à 7), comme pour les fonds euros ;
    • L’inconvénient des fonds monétaires est que leur rendement pourra rebaisser si la Banque Centrale Européenne rebaisse ses taux directeurs ;

 

  • Des fonds obligataires, d’une durée de 4 à 5 ans, qui rapportent, actuellement, de l’ordre de 3,7%, soit 2,7% net de frais de gestion du contrat ;
    • L’inconvénient des fonds obligataires est qu’ils pourraient baisser si les taux à long terme continuaient à monter.

 

En fonction de ses propres anticipations sur l’évolution des taux, on pourrait opter pour l’un ou l’autre de ces types de fonds.

Il pourrait également être intéressant de les remplacer par des fonds actions, notamment des fonds de petites et moyennes valeurs, qui ont beaucoup décoté depuis 2022 ; ou des fonds de valeurs « value » qui sont à également des niveaux de valorisation attractifs en ce moment.