Les marchés financiers chute au mois de mars 2012

17/06/2012
Thumbnail [16x6]

Comme en 2011, les marchés financiers ont plutôt bien commencé l’année avant de rechuter à partir du milieu du mois de mars.

Le CAC 40 avait alors progressé de plus de 13% alors qu’il est en baisse de 3.70% depuis le début de l’année.

Aux craintes sur la Grèce, sont venues s’ajouter les incertitudes sur l’Espagne désormais qui est dans une situation très difficile :

 

  • Besoin de recapitalisation des banques de 40 à 100 milliards d’euros ;
  • Chômage à 24.3% ;
  • PIB en baisse de 1,2 % attendue en 2012 ;
  • Déficit attendu autour de 6% en 2012 après 8.9% en 2011 ;
  • Ratio d’endettement par rapport au PIB de 68.5% qui pourrait passer rapidement à 90% sous le triple-effet :

 

  • Du déficit budgétaire ;
  • Des prêts consentis aux banque par l’Europe car c’est l’Etat qui en est le garant ;
  • La baisse du PIB.

 

En ce qui concerne la Grèce, l’incertitude sur le maintien dans la zone EURO semble totale. Jean-Pierre PETIT (économiste, dirigeant Les Cahiers Verts de l’Economie) croit qu’elle restera dans la zone EURO alors que François CHEVALIER (stratégiste à la Banque LEONARDO) est persuadé qu’elle en sortira…

 

Difficile dans ces conditions de prévoir ce qu’il adviendra dans les prochaines semaines ou les prochains mois.

 

A priori, on devrait en savoir un peu plus dimanche prochain 17 juin à l’issue des élections de la VOULI (chambre unique du parlement). Tous les partis politiques souhaitent rester dans la zone EURO mais le parti SYRISA, qui pourrait gagner ces élections (mais sans avoir la majorité absolue pour autant) a déjà dit qu’il abrogerait le « MEMORANDUM » imposé par le FMI (privatisation des entreprises publiques, hausse des prix de l’énergie, de l’eau, baisse drastique des salaires des fonctionnaires et des retraites…).

 

Si l’Allemagne et la France semblent disposées à un peu plus de souplesse, il n’est pas certain qu’un accord puisse être possible. D’où une sortie possible de la zone EURO qui serait « gérable » selon Wolfgang SCHAUBLE, l’incontournable ministre des finances allemand.

 

Si cette sortie devait avoir lieu, elle se ferait probablement de manière ordonnée car la Grèce, même si elle cesse de rembourser sa dette, devra quand-même trouver des financements internationaux pour continuer à financer une partie de son déficit de fonctionnement.

 

Face à cette éventualité, l’Europe a décidé de venir en aide au gouvernement espagnol en mettant à sa disposition une ligne de crédit pouvant aller jusqu’à 100 milliards d’euros pour recapitaliser ses banques. Le FMI, qui avait evalué les besoins à 40 milliards d’euros au moins, estime ce plan crédible.

 

Cela ne règle pas le problème de la dette de l’Etat qui a besoin de continuer à trouver des fonds pour financer ses échéances et son déficit en 2012 et celui des années suivantes (pour 2013 : -3% théoriquement mais difficilement atteignable).

 

C’est ce qui explique que les taux à 10 ans aient encore monté depuis lundi pour atteindre 6,7% ; contre 2,63% pour la France et 1,47% pour l’Allemagne.

 

Mais la contagion pourrait également s’étendre à l’Italie et, là-aussi, les taux à 10 ans sont repartis à la hausse : 6,17% ; nous n’en sommes pas aux 7,26% atteints en novembre 2011 avant la mise en place du LTRO (refinancement des banques par la BCE de 1.000 milliards d’euros à 3 ans au taux de 1%) mais on pourrait en prendre le chemin.

 

Ce qui supposerait, également, un plan européen pour recapitaliser les banques de ce pays.

 

Sur le plan macro-économique, la Banque Mondiale prévoit une légère récession pour la zone EURO en 2012 à -0,3% ; contre une croissance de 5,3% pour les pays émergents et 8,3% pour la Chine.

 

Toutefois, le PIB de la zone EURO pourrait se contracter de 1,9 à 3,9% si les pays de l’Europe du sud devaient faire face à un assèchement des crédits. Dans le scénario le plus noir, cela conduirait à une croissance beaucoup plus faible des pays émergents en 2013 : 1,9% contre 5,9% escomptés.

 

Dans ces conditions, on peut penser que la pression sur les pays les plus solides de la zone EURO va encore être forte ce week-end, à l’occasion du sommet du G20, afin qu’ils prennent les mesures nécessaires pour éviter ces scénarios les plus pessimistes.

 

La solution passera probablement par encore plus de solidarité de la part des pays les plus forts ; Monsieur BARROSO vient d’ailleurs de proposer la création d’un fonds d’amortissement pour les dettes des pays qui dépassent 60% du PIB ; ce qui pourrait ouvrir la voie aux euro-obligations.

 

Mais cela passera aussi par plus de discipline budgétaire et un renforcement probable des pouvoirs de contrôle par la commission européenne.

 

Dans ce contexte difficile, il faut essayer de revenir aux « fondamentaux » pour analyser les marchés financiers.

 

Comme le fait remarquer Jean-Charles MERIAUX, directeur général de DNCA Finance, le ratio capitalisation du CAC 40 / PIB de la France atteint 40% aujourd’hui, ce qui représente un point bas.

 

L’ensemble des valeurs du CAC 40 ne représente « que » 790 milliards d’euros quand la capitalisation d’APPLE est de 407 milliards et celle de FACEBOOK de 59 milliards.

 

Certaines valorisations sont difficiles à comprendre : par exemple, BOUYGUES vaut autant que ILLIAD (maison mère de FREE), soit 6,25 milliards d’euros.

 

Or ILLIAD est présent dans un seul pays (la France), sur un seul secteur (la téléphonie) et compte 5.600 salariés.

 

BOUYGUES est présent dans 80 pays, emploie 135.000 personnes, est leader mondial dans le domaine des routes, 3ème mondial dans le BTP, détient 30% d’ALSTOM…

 

On peut considérer que la partie « télécom » de BOUYGUES est valorisée pour 0 en bourse, ce qui ne semble pas logique.

 

Si on prend l’exemple d’un fonds comme CENTIFOLIA, le rendement du dividende (estimé pour 2012) est de 5,7% au 31/05/2012 et le ratio bénéfice / cours est de 11,4%.

 

Ce qui laisse penser que, même dans un environnement qui deviendrait encore plus difficile, l’investissement dans les actions, si l’on dispose d’un horizon de placement de 5 ans, devrait se révéler intéressant.

 

On peut également envisager d’investir dans un portefeuille d’obligations d’entreprises de bonne signature (de préférence aux obligations d’Etat) qui peut donner un rendement supérieur à 5% actuellement pour une durée de 5 ans.