La croissance en hausse pour le mois d'août 2009

10/09/2009
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Comme pouvaient le laisser espérer la progression régulière des différents indices de conjoncture depuis le début de l’année, les actions ont fortement progressé depuis le début de l’été, après un passage à vide sur la première décade de juillet.

 

            Ces indices de conjoncture continuent à être positifs pour le mois d’août 2009. L’ISM (composante « manufacturier ») a franchi la barre des 50 à 52,9 pour la première fois depuis fin 2007, traduisant une croissance de ce secteur. La composante « non manufacturier » est cependant inférieure à 50 puisqu’elle atteint 48,4 après 46,4 en juillet et 47 en juin. Or la part « non manufacturier » de cet indice se veut être le portrait de 80% de l’activité économique aux USA.

 

            L’indice composite IFO (sondage de 7.000 chefs d’entreprise allemands) continue sa progression à 90,5 en août contre 87,3 en juillet et 85,9 en juin. La barre des 100, au delà de laquelle une majorité de chefs d’entreprises est optimiste, n’est toutefois pas encore atteinte.

 

            L’indice PMI de CHICAGO a également surpris par sa remontée à 50 après 43,4 en juillet et un plus bas à 34,9 en mai.

 

            Enfin, l’indice du CONFERENCE BOARD (confiance des consommateurs américains), après avoir baissé en juin et juillet, a pratiquement retrouvé son niveau de mai à 54,1.

 

            Ces signes encourageants ne doivent pas faire oublier que la récession pour la zone EURO devrait être de -4,1% pour 2009 avant un timide retour à la croissance à + 0,2% en 2010 (contre - 4,6% et - 0,3% précédemment estimés par la BCE). Par ailleurs, les destructions d’emplois continuent aussi bien en Europe qu’aux USA ; même si leur nombre a beaucoup baissé, la zone EURO a encore perdu 167.000 emplois en juillet (3,26 millions depuis juillet 2008) et les USA ont perdu 216.000 emplois en août (6,9 millions depuis décembre 2007). Les taux de chômage sont de 9,5 et 9,7% respectivement.

 

            Par ailleurs, les profits des entreprises du CAC 40 ont baissé de 55% au 1er semestre 2009 (22,5 milliards contre 50 milliards au 1er semestre 2008). Au 7 septembre, le CAC 40 affiche 3.652 points contre 5.614 points au 31/12/2007, soit un recul de 35%. Même si les profits ne constituent pas le seul critère (les fonds propres rentrent tout de même aussi en ligne de compte), la bourse anticipe dorénavant des résultats futurs meilleurs que ceux du 1er semestre.

 

            Au 31 juillet 2007, un fonds comme CENTIFOLIA affichait un PER 2009 de 13,2 ; avec la hausse récente, ce PER serait d’environ 14, ce qui commence à être élevé.

 

            Face à cela, il conviendrait de s’orienter donc de s’orienter vers des titres plus défensifs ; comme le montre un graphique donné par DNCA (voir ci-après), le rapport des PER entre valeurs défensives et valeurs cycliques, qui est autour de 1,2 à 1,3 en général, est tombé à 0,7 récemment. Ce ratio n’est pas logique et, tôt ou tard, les marchés corrigeront cette anomalie ; soit par une hausse des valeurs défensives, soit par une baisse des valeurs cycliques...

Même si, comme l’affirme Marc de SCITIVAUX, un économiste indépendant très écouté des milieux financiers, « la crise est finie », c’est à dire que la crise systémique a été évitée, il est impossible de dire quand et à quel rythme la croissance va réapparaître.

 

            Pour les économies développées, il faudra sans doute attendre une baisse du chômage et tenir compte d’un accroissement de la pression fiscale destinée à résorber le surcoût d’endettement public généré depuis un an ; ou compter sur l’investissement des entreprises qui, pour l’instant, sont en surcapacité de production. C’est plus probablement sur le dynamisme des pays émergents qu’il faudra tabler et c’est vraisemblablement sur cela que parient les investisseurs aujourd’hui.

 

            Par ailleurs, on peut rappeler ce que dit Nouriel ROUBINI, enseignant à l’Université de NEW-YORK, très écouté depuis qu’il a prédit, avec raison, la crise du crédit américain : pour lui, nous ne sommes pas à l’abri d’un scénario en double creux (« double dip recession ») avec un scénario en « W » ; c’est à dire une rechute brutale des économies après leur brève amélioration. Et ce, une fois que les plans de relance auront fini de produire leurs effets. Il prévoit également une nouvelle flambée du pétrole qui bridera l’activité. Cette dernière hypothèse est jugée « fantaisiste » par Philippe CHALMIN, spécialiste des matières premières à l’Université DAUPHINE. Il est vrai que la consommation mondiale pour 2009 devrait revenir à 83,9 mbj (millions de barils par jour) contre 86,5 mbj estimés en juillet 2008. A cette époque, l’IFP considérait que l’augmentation de production de 4,3 mbj à l’horizon 2011 suffirait à satisfaire une hausse de 9,7 mbj de la consommation prévue par l’AIE. Pour 2010, l’AIE prévoit une augmentation de consommation à 85,3 mbj (imputable à l’ASIE pour l’essentiel), ce qui laisse penser qu’il existe une certaine marge. Toutefois, si la consommation a ralenti, les investissements dans la recherche et la production ont diminué aussi. Guy MAISONNIER, économiste à l’IFP, qui fait remarquer que le marché pourrait, désormais, tenir compte du coût d’extraction des huiles lourdes (60 à 80 $ le baril) ne se prononce absolument pas sur l’évolution à terme du prix du baril.

 

            Selon la Financière de L’ECHIQUIER, dont le principal fonds actions est investi à 100% depuis le 1er janvier, le potentiel de rebond des actions n’est pas épuisé. La valorisation moyenne des sociétés de l’EUROSTOX 50 représente 1,4 fois leurs fonds propres, après un plus bas à 0,8 en mars et pour une moyenne sur 10 ans que l’on peut situer autour de 2. Cette société considère que les marchés actions devraient retrouver leurs niveaux d’avant la crise d’octobre 2008, consécutive à la faillite de LEHMAN BROTHERS. Toutefois, il est très probable que les potentiels d’appréciation soient très différents d’un titre à un autre et les fonds de « stock-picking » devraient, une fois encore, tirer leur épingle du jeu.

 

Mardi 8 décembre 2009.

 

Lors de sa réunion du 16 octobre dernier, la société CARMIGNAC estimait que le cours des actions allaient sans doute évoluer autour d’un équilibre assez instable au cours des prochains mois.

 

Selon eux, il existe une marge relativement étroite entre les deux types de risque qui peuvent avoir une incidence négative sur les marchés actions :

 

d’une part, si la croissance reste faible voire anémique, il y a des chances pour que les investisseurs s’impatientent et  que les cours des actions repartent à la baisse ;
 

d’autre part, si la croissance donne des signes de reprise un peu plus forts, il est probable que les banques centrales durciront leurs politiques monétaires très accommodantes et que, là aussi, les marchés actions en pourront en pâtir.
 

Si l’on s’en tient au problème de l’endettement des consommateurs américains (qui est passé de 90% à 140% du PIB en 7 ans), on peut penser que l’on restera plutôt dans le cadre du premier scénario. Ceux-ci doivent d’abord réduire leur endettement avant de consommer à nouveau.

 

Pour autant, même avec une croissance faible, il est possible d’observer des remontées de l’inflation à court terme, ne serait ce que par un simple effet mécanique de comparaison avec des prix qui avaient fortement chuté en fin d’année dernière ; de plus, la remontée des cours des matières premières, et notamment le pétrole, pourraient accentuer cette tendance.

 

Dans ce contexte, une remontée des emprunts d’Etat n’est pas à exclure ; de nombreux gérants craignent ce phénomène et privilégient déjà depuis plusieurs mois les obligations de courte durée ; que ce soit pour les emprunts d’Etat ou pour les obligations « corporate » (c’est à dire les obligations d’entreprises).

 

En ce qui concerne les perspectives de croissance, il va falloir, au cours des prochaines années, s’habituer à voir les différences se creuser entre pays « avancés » et pays « émergents ».

 

Comme vous pourrez le voir dans la présentation jointe faite par Edouard CARMIGNAC (page 6), les Etats des pays « avancés » ont beaucoup d’endettement et continuent à générer des déficits considérables ; à l’inverse, les Etats des pays émergents ont un endettement faible et des déficits limités. Cette situation est, selon Monsieur CARMIGNAC, déterminante pour l’avenir.

 

En ce qui concerne le fameux « découplage » entre pays avancés et pays émergents, il est peut-être entrain de se matérialiser aujourd’hui ; en effet, si la consommation chinoise est encore nettement plus faible que celle des USA, sa progression est telle qu’elle « compense » la baisse constatée aux USA :

 

Dans le même ordre d’idée, une étude a été réalisée par David LOGGIA, gérant actions européennes chez CARMIGNAC : celle-ci montre (pages 8 et 9 du document joint) que si, pour une entreprise comme NESTLE, la consommation des pays émergents rejoignait celle constatée au Brésil, son chiffre d’affaires serait multiplié par 2,2... Et les brésiliens ne consomment encore qu’environ 5 fois moins de produits NESTLE que les pays d’Amérique du Nord par exemple...

 

On peut donc penser que l’avenir se trouve plutôt du côté des pays émergents alors que nos économies occidentales vont avoir bien des difficultés à gérer leurs problèmes d’endettement structurels et de déficits au cours des prochaines années.

 

On risque donc d’assister à une divergence entre nos économies qui vont connaître des difficultés pour un « certain » temps et les actions de certaines entreprises qui pourraient très bien profiter de la croissance des pays émergents.              

 

Après leur forte reprise depuis le 9 mars dernier, les marchés restent très volatils et la société DNCA Finance continue à privilégier les valeurs défensives au détriment des valeurs cycliques qui pourraient baisser de nouveau si les progressions de bénéfices anticipés n’étaient pas au rendez-vous.

 

Toutefois, dans une vidéo disponible sur leur site (dncafinance.com), Monsieur MERIAUX précise que le rendement des actions présentes dans leurs fonds est relativement élevé ; ce qui devrait constituer un soutien sur un horizon de moyen terme.

 

Par ailleurs, comme le fait remarquer La Financière de l’Echiquier, si le résultat des actions sur 10 ans est décevant, certaines sociétés de gestion ont réalisé des performances très intéressantes. Ainsi, leur fonds AGRESSOR a progressé de 99% tandis que le CAC 40 est en retrait de 30% par rapport à cette date (dividendes non réinvestis).

 

Un fonds comme TRICOLORE RENDEMENT a progressé de 123% sur la même période et CARMIGNAC INVESTISSEMENT a réalisé 128%, toujours sur cette période.

 

Ces performances prouvent qu’il est possible de réaliser de bons résultats de gestion même dans des conditions de marché difficiles ; toute la difficulté étant de choisir les secteurs ou les entreprises qui offrent un potentiel de rendement et d’appréciation à moyen terme.