Evaluation générale de la situation

02/06/2009
Thumbnail [16x6]

Après la baisse historique des marchés en 2008, qui s’est poursuivie jusqu’au 9 mars de cette année, on a connu une remontée spectaculaire depuis cette date, formant ainsi un scénario en « V », comme l’appellent les analystes. La question qui se pose aujourd’hui est donc de savoir si ce scénario va se poursuivre, si nous allons désormais rester sur un plateau ou si nous risquons de connaître un scénario en « W », avec de nouveau une forte baisse des marchés.

 

            Depuis le 9 mars, il semble que le rebond soit provoqué par un arrêt de la dégradation des fameux « indices » dont la publication rythme la vie des marchés. Parmi ces indices, on peut notamment citer :

  • L’indice IFO, donné par l’institut de conjoncture du même nom, qui représente l’indice de confiance de 7.000 entrepreneurs allemands. Cet indice est composé de 2 sous indices :

    - sous indice de la situation actuelle : passé de 83,5 à 82,5 en un mois.

    - sous indice des perspectives économiques : passé de 83,9 à 85,9 en un mois.

 

  • L’indice du CONFERENCE BOARD, mesure la confiance des consommateurs américains et est basé sur une enquête auprès de 5.000 ménages américains. Cet indicateur est considéré comme l’un des plus fiables. Il est passé de 40,8 à 54,9 en mai, contre 42,6 anticipé. La publication de ce chiffre le 26 mai dernier avait provoqué une hausse de 2,63% du S&P500 (les 500 plus grandes valeurs américaines) ce jour là.

           

  • L’indice ISM, publié par « L’INSTITUTE FOR SUPPLY MANAGEMENT », reflète l’état de santé du secteur manufacturier américain. Il résulte du sondage réalisé chaque mois auprès de 300 sociétés américaines, de 20 secteurs différents et dans plus de 50 Etats. Si cet indice est inférieur à 50, c’est qu’il y a une récession et, inversement, s’il est supérieur à 50, il y a croissance de l’économie.           Or l’indice ISM est inférieur à 50 depuis 8 mois ; mais, après un plus bas en janvier/ février de cette année, il a repris sa progression pour atteindre 44 en mai après 43,7 en avril, mais contre 45 attendu par les économistes. Il semblerait que, au cours des précédentes récessions, ses points bas ont précédé d’environ 4 mois le renversement de cycle économique (pour mémoire, il existe aussi un indice ISM des services).

           

  • L’indice PMI, qui signifie « PURCHASING MANAGING INDEX » est aussi un index de l’activité manufacturière ; en français, on peut le traduire par l’indice des directeurs d’achat. Si cet indice est durablement inférieur à 42,7, on considère que l’on est dans une période de récession. Or cet indice a connu un recul surprise en mai à 34,9 contre 40,1 en avril et contre un niveau de 42 attendu par les économistes.

 

             Cet indice, pour la zone EURO, a, en revanche, progressé à 40,5 en mai contre 36,7 en avril. Pour la CHINE, il est ressorti supérieur à 50 pour le 3ème mois consécutif, à 53,1 en mai, confirmant le retour à la croissance dans ce pays.

 

            Ces différents indicateurs semblent montrer que nous sommes effectivement encore dans une phase de récession mais que l’on commence à voir des signes de retournement ou de moindre dégradation. Cela se confirme, par exemple, avec les chiffres des pertes d’emplois aux USA. Le nombre de pertes d’emplois n’a été « que » de 345.000 en mai contre 504.000 en avril et 643.000 en moyenne au cours des 6 mois précédents ; mais c’est tout de même 345.000 de plus et le chômage touche désormais 9,4% de la population active...contre 4,4% en mars 2007. Le nombre de chômeurs atteint désormais 14,5 millions (contre 9 millions en 2003, au plus fort de la crise précédente). Plus de 6 millions d’emplois ont été détruits depuis le début de la crise.

 

            Par ailleurs, l’endettement des ménages américains, actuellement à 140% du PIB, devrait, selon un gérant, revenir à un niveau de 110% pour être raisonnable ; ce qui supposerait un effort d’épargne conséquent, et donc une moindre consommation durant 5 à 6 ans, selon lui.

 

            Enfin, la plupart des pays développés ont vu leur endettement s’accroître considérablement pour faire face à cette crise. Si ces mesures ont permis d’éviter une catastrophe, elles vont peser sur le contribuable pendant de longues années, probablement ; à moins que cet endettement excessif soit atténué par un retour en force de l’inflation.

 

            S’il doit y avoir des signes encourageants sur le plan économique, ce serait sûrement du côté des pays émergents. Même si, on l’a constaté, le scénario du « découplage » des économies entre pays développés et émergents n’était pas tenable dans la mesure où ces derniers dépendaient fortement de la consommation américaine, il apparaît clairement que certains pays retrouveront progressivement des niveaux de croissance élevés. Ce devrait être le cas de la CHINE et de l’INDE notamment.

 

            Cela ne sera pas suffisant pour empêcher une récession mondiale en 2009, que le FMI évalue à -1,3% (une première depuis 1945), mais cela indique probablement que ces pays vont devenir incontournables.

           

            De la même manière, le secteur des matières premières, après s’être effondré depuis les sommets de mi-2008, devrait connaître, au cours des prochaines années, de nouvelles tensions. Les pays émergents axant particulièrement, en effet, leurs efforts dans le domaine des infrastructures. Il en est de même pour le pétrole qui, après un répit dû à la crise, pourrait très bien connaître de nouveau des prix élevés au cours des prochaines années ; avant la crise, la consommation progressait plus vite que la production et les pays producteurs étaient presque au maximum de leurs capacités...L’AIE (Agence Internationale de l’Energie) vient d’ailleurs de revoir légèrement en hausse la demande mondiale de pétrole pour 2009, qui devrait toutefois être encore inférieure de 2,9% à celle de 2008.

 

            Il est donc possible que les thématiques des pays émergents et des matières premières seront incontournables dans les portefeuilles actions à court ou moyen terme.

 

            En attendant, si la plupart des gérants restent plutôt raisonnablement optimistes et ne croient pas à une forte rechute des marchés, ils restent très prudents et s’attendent à d’éventuelles corrections si la situation économique ne s’améliore pas réellement comme le laissent penser les différents indicateurs avancés. Mais ils sont également soucieux de ne pas manquer une éventuelle continuation du rebond...

 

            Dans ces conditions, il serait sans doute prudent d’arbitrer une partie de ses fonds actions vers des fonds « flexibles » qui peuvent, le cas échéant, réduire rapidement leur exposition « actions ».

 

            On peut mettre aussi en place des « stop-loss », c’est à dire des arrêts de moins-values sur certains fonds.