Que se passe-t-il si la banque fait faillite pour un particulier ? Le fonds de garantie.

21/10/2008
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Comme on pouvait le craindre avec la faillite de la banque LEHMAN BROTHERS, les marchés actions ont chuté et continué de chuter lourdement (cf. note d’information  du 19 septembre 2008).

 

Cette décision, qui a peut-être été prise pour des raisons électorales (selon un sondage, 70%  des américains n’appréciaient pas que l’Etat vienne au secours des banques) ou idéologiques (volonté d’assumer le libéralisme jusqu’au bout), a eu un impact considérable au niveau de la confiance que s’accordaient les banques entre elles. En effet, le fait de constater que l’une d’elles pouvait effectivement faire faillite (sans être reprise par une banque ou un Etat) a instauré un climat de suspicion général et a littéralement bloqué le marché interbancaire.

 

En principe, les banques doivent respecter un ratio de couverture des risques ; leurs fonds propres doivent représenter 8% du montant des crédits (avec des pondérations différentes en fonction des garanties attachées à ces prêts). Or les banques d’investissement américaines étaient autorisées à n’avoir un ratio que de 2,5% seulement. Il a donc fallu qu’elles n’aient à provisionner que 2,5% de leurs encours pour ne plus avoir de fonds propres et donc faire faillite. Le problème est que lorsqu’une banque fait faillite, toutes celles qui lui ont prêté de l’argent doivent provisionner ces prêts, ce qui réduit d’autant leurs fonds propres et peut provoquer leur faillite à leur tour. D’où « l’effet dominos » tant redouté par les marchés financiers.

 

Le plan de sauvetage des banques américaines et le plan proposé par Monsieur Gordon BROWN au ROYAUME UNI, repris par l’ensemble des Etats européens, devraient permettre, progressivement, de rétablir la confiance dans le système bancaire. Pour la France, le plan consiste, d’une part, à recapitaliser les banques qui en ont besoin avec des titres subordonnés jusqu'à 40 milliards d’euros (même impact sur les ratios de solvabilité que des actions mais sans leur effet de dilution du capital) ; et d’autre part à garantir les prêts bancaires consentis par une nouvelle structure, la SFEF, à hauteur de 320 milliards d’euros. Cette structure étant détenue à 34% par l’Etat (de manière à ne pas avoir à consolider cette nouvelle dette au niveau de l’Etat) et 66% par les banques.

 

Cela devrait permettre, progressivement, un retour à la normale du marché interbancaire mais aussi aux banques de recommencer à prêter aux entreprises et aux particuliers et donc de permettre un redémarrage - ou une moindre dégradation - de l’économie.

 

Le problème bancaire ne doit cependant pas nous faire oublier qu’un autre élément est sans doute aussi à l’origine de la crise que nous connaissons aujourd’hui : c’est la hausse considérable des matières premières que nous avons connue entre avril 2007 et juillet 2008 ; et notamment avec le pétrole qui est passé de 60 à 150 $ le baril dans cet intervalle. Il est difficile de dire quelle part a pris la spéculation dans cette hausse mais il est clair que, fondamentalement, c’est la croissance de l’économie mondiale qui en est à l’origine. Croissance permise notamment par l’économie américaine assise, malheureusement, sur un développement excessif du crédit mais aussi par celle des pays émergents.

 

La combinaison de ces phénomènes, crise bancaire - elle-même issue d’une croissance démesurée de l’endettement des ménages américains permise par une politique monétaire trop longtemps accommodante - et envolée des matières premières, explique sans doute une part importante de la situation dans laquelle nous sommes aujourd’hui.

 

En ce qui concerne l’avenir, il est difficile de trouver quelqu’un aujourd’hui qui ose se risquer à une quelconque prévision. Même le FMI, avec les moyens qui sont les siens, est contraint de revoir sensiblement des pronostics réalisés seulement un mois plus tôt ; ainsi, ses prévisions de croissance pour le monde seraient de 3% au lieu de 3,9% pour sa dernière prévision. Sachant qu’elle serait de 0,1% pour les USA et de 0,2% pour la zone EURO. Or ces deux zones représentent un peu plus de la moitié du PIB mondial ; il faudrait donc que le reste du monde soit à près de 6%, ce qui n’est pas acquis malgré le dynamisme des marchés émergents.

 

Au milieu de cette tourmente, il faut néanmoins tenir compte de certains éléments d’optimisme. Tout d’abord, la forte décrue des prix des matières premières va redonner du pouvoir d’achat aux particuliers et aux entreprises et permettre sans doute un reflux de l’inflation (d’ores et déjà anticipée par les marchés) ;  ce qui devrait permettre à la FED de garder une politique de taux peu élevée et à la BCE de continuer à baisser les siens assez sensiblement.

 

D’autre part, le marché immobilier américain semblerait commencer à se stabiliser, comme le montre le chiffre des ventes de logements anciens paru ce vendredi ; ce chiffre est en effet ressorti à 5,18 millions de logements vendus en septembre (en tendance annuelle) alors que l’on attendait 4,93 millions. Ce chiffre, qui doit être pris avec précautions parce qu’il peut être influencé par les ventes sur saisies immobilières, est peut-être le signe que le marché immobilier américain serait en voie de stabilisation ; et que les banques vont peut-être pouvoir commencer à ralentir leurs provisions sur les prêts immobiliers.

 

Par ailleurs, la mise à disposition de fonds propres pour les banques, sous forme de titres subordonnés, peut permettre non seulement d’éviter le phénomène tant redouté du « credit-crunch » mais aussi de leur donner de nouvelles capacités de financement ; pour la France, si la totalité des 40 milliards était utilisée par les banques, cela correspondrait à une capacité de financement supplémentaire (ou une moindre diminution) de 500 milliards d’euros.

 

Enfin, on peut remarquer que certains grands investisseurs procèdent à des achats significatifs sur le marché. Ainsi, GIMD (holding du groupe DASSAULT) a acquis 2% du capital de VEOLIA ENVIRONNEMENT le lundi 13 octobre dernier, juste après la semaine de baisse historique où le CAC 40 a chuté de 22%. Cela n’a pas empêché le titre de baisser encore de 35% depuis. Mais cet achat signifie tout de même que, pour un investissement de long terme, les conditions de marché actuelles présentent des opportunités.

 

On a également appris ce jeudi que le groupe BOLLORE, habituellement considéré comme un investisseur avisé, était monté à hauteur de 2,4% du capital de VALLOUREC.

 

Toutefois, il est plus difficile que jamais de dire de quelle intensité et de quelle durée sera la crise économique qui se profile devant nous ; et à quel horizon on peut espérer voir les marchés actions remonter (au delà d’un possible rebond technique). Ceux-ci, au dire de la plupart des gérants, semblaient être déjà à des niveaux attractifs en début d’année ; or ils ont perdu plus de 40% depuis... Une valeur comme RENAULT, par exemple, a perdu plus de 70% à 22,20 euros depuis le début de l’année ; certes, il s’agit d’une valeur cyclique (c’est à dire qu’on peut différer l’achat de ce qu’elle produit)  et les ventes vont semble-t-il baisser au cours de ce quatrième trimestre et en 2009 ; mais il est clair que les conducteurs ne pourront repousser éternellement le renouvellement de leur véhicule. Au cours actuel, la capitalisation boursière de RENAULT représente 25% de ses fonds propres. L’annonce par la société d’une révision en baisse de ses objectifs de marge opérationnel de 2,5 à 3% au lieu de 4,5% envisagé a entraîné une nouvelle baisse ces jeudi et vendredi ; or cette marge avait été de 3,56% en 2007. Une telle baisse du cours est-elle vraiment justifiée ? Il faudra pour cela attendre l’avis des analystes qui, le 20 octobre dernier, évaluaient le cours théorique de RENAULT à 51 euros.

 

Il peut être également intéressant d’écouter l’avis d’un gérant de fonds actions bien connu, Marc RENAUD, sur le site www.patrimoinetv.fr. Il donne son opinion sur les marchés et celle-ci, bien que prudente encore, est plutôt positive du moment que l’on se positionne pour un investissement à long terme.