Amplification de la crise des subprimes

12/01/2008
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Comme cela avait été envisagé au cours du dernier trimestre, les marchés actions ont à nouveau fait preuve d’une grande fébrilité depuis le début de l’année.

 

La crise des subprime américains a continué de s’amplifier et les pertes pour les banques ne cessent d’être revues à la hausse (400 milliards évoqués à ce jour). Ces pertes pour les banques font craindre un « crédit crunch », c’est à dire d’une baisse de leur faculté de prêter. En effet, les banques doivent respecter des ratios de solvabilité de leur bilan. Pour simplifier, on peut dire que les fonds propres des banques doivent représenter 8% de leurs encours de prêts ; si les fonds propres devaient baisser de 400 milliards de dollars, leur capacité de prêt pourrait théoriquement être réduite de 5.000 milliards de dollars.

 

Ces chiffres restent néanmoins théoriques car les banques ayant subi de lourdes pertes ont pu - ou vont pouvoir -, d’une part, être recapitalisées par d’autres plus solvables et, d’autre part, fait nouveau, par des fonds souverains, notamment des pays du moyen orient riches de leur manne pétrolière.

 

Mais derrière cette crise des subprime, c’est surtout la crainte d’une récession américaine qui apparaît. Il faut savoir que le taux d’endettement des ménages américains est passé en 7 ans de 90% à 135% du revenu disponible ; par comparaison, ce taux est passé de 70 à 90% sur la même période dans la zone EURO. Cette augmentation de l’endettement et la baisse des prix immobiliers - et donc de « l’effet richesse » - font craindre depuis plusieurs mois une chute de la consommation et par conséquent un début de récession aux Etats Unis. Il convient cependant de noter que, contrairement aux particuliers, les entreprises américaines ont gardé un endettement relatif stable à 40% du PIB.

 

Le consensus de la croissance prévisionnelle 2008 aux USA est donc passé de 3% en janvier 2007 à 2,1% en décembre 2007 ( la COFACE pronostique quant à elle un taux de 1,7%). Pour la zone EURO, ce même consensus est passé de 2,1% à 1,9% dans le même temps.

 

Par ailleurs, selon CARMIGNAC GESTION, même si l’économie américaine devait connaître une récession et les économies européennes stagner, la croissance des pays émergents suffirait à préserver une croissance économique dans le monde en 2008. Selon cette société, le PIB des pays émergents en dollars (27% du PIB mondial) est équivalent à celui des USA (26%) ; mais si l’on raisonne en volume et non plus en dollars, cette part des pays émergents passe à 49% du PIB mondial.

 

Il semblerait donc que les marchés financiers exagèrent les craintes relatives aux perspectives économiques réelles. Les niveaux de PER (cours/bénéfice) atteignent désormais des niveaux très bas. Si on prend l’exemple d’un fonds PEA comme CENTIFOLIA, ce PER était de 11,2 au 31 décembre 2007 et seulement de 9,5 lundi soir 21 janvier. Son gérant, Jean-Charles MERIAUX, avait d’ailleurs commencé à réinvestir depuis le début de l’année, considérant que de nombreuses actions constituaient de réelles opportunités d’achat.

 

On peut d’ailleurs l’entendre s’exprimer ce mardi 22 janvier, à l’occasion de la réunion annuelle de DNCA, sur internet : www.patrimoinetv.fr. On peut également s’intéresser à l’avis de Marc RENAUD, ancien directeur de CCR Actions et actuellement entrain de créer sa propre société de gestion. Il a été l’un des rares gérants à mettre en lumière l’excès de valorisation de certaines banques dès le 2ème trimestre 2007. Aujourd’hui, il considère que l’on est probablement aller trop loin ; il prend notamment le cas du CREDIT AGRICOLE qui, désormais, semble sous-évalué ( la capitalisation est devenue inférieure à la « book value », c’est à dire les fonds propres).

 

Pour autant, et comme l’explique très bien Marc RENAUD, nous sommes dans un marché de « flux » auquel aucun argument objectif ne peut résister, notamment pour les petites et moyennes valeurs qui accusent les plus importants replis depuis 6 mois désormais.

 

Rappelons simplement qu’en mars 2007, l’indice CAC 40 a baissé de 8,1% avant de remonter de 16,5% début juin ; avant de perdre à nouveau 9% à la fin de 2007 et encore 13,7% depuis le début de 2008. Avec une telle volatilité, et face à des mouvements qui semblent peu rationnels, le choix du « momentum » d’entrée sur le marché reste un exercice particulièrement complexe.

 

Pour résumer, on peut dire que les grandes valeurs semblent désormais sous valorisées, que les petites et moyennes valeurs pourraient continuer à baisser en attendant qu’elles retrouvent un niveau de décote normal par rapport aux grandes valeurs ; quant aux marchés émergents, même si l’on compte sur une poursuite de la croissance de ces économies, les valeurs cotées dans ces pays sont sans doute montées trop vite par rapport à leur valeur réelle. Certaines sociétés devraient néanmoins présenter de réelles opportunités au cours des prochaines années, mais il faudra savoir faire appel à des sociétés de gestion spécialisées dans ce domaine qui sauront, comme pour les actions françaises ou européennes, sélectionner les meilleurs d’entre elles.